Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Nous voici chez moi, me dit-il.

La dernière étape avait été la partie la plus pénible du trajet. La marche était laborieuse et le froid glacial m’avait transi. Sous ma main je sentais haleter le flanc du vieux cheval.

— Écoutez, Frome, lui dis-je, cela ne sert absolument à rien que vous allies plus loin.

Il m’interrompit :

— Ni vous non plus… Nous avons tous eu notre compte…

Je compris qu’il m’offrait l’hospitalité, et sans répondre je franchis la grille derrière lui. Je le suivis dans l’écurie et l’aidai à dételer le pauvre cheval. Nous préparâmes sa litière, puis Frome décrocha la lanterne du traîneau et sortit dans la nuit. Par-dessus l’épaule il me jeta :

— Par ici !

Au-dessus de nous une lumière tremblotait à travers l’écran de neige. D’un pas chancelant je suivais le sillage de Frome, et l’obscurité me fit presque buter dans un tas de neige amoncelé contre les marches de la maison.

De sa lourde botte Frome déblaya le pas de la porte et nous ouvrit un chemin. La lanterne haute, il chercha le loquet et me précédai dans la maison. J’entrai à sa suite dans un vestibule étroit et obscur :