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dont il croyait sentir la chaleur sous sa main, qui était posée sur quelque chose de doux et de soyeux. La pensée de la souffrance de cet animal lui devint intolérable et il fit effort pour se lever, mais il ne put y arriver : un rocher, ou quelque lourde masse, semblait peser sur lui… Il continua cependant à tâtonner de la main gauche, cherchant à s’emparer de la petite bête. Mais subitement il s’aperçut que ce qui avait paru si doux à son toucher était la chevelure de Mattie, et qu’il avait maintenant une main sur son visage.

Il parvint à se mettre à genoux et le poids effroyable se déplaça avec lui. Il promena ses doigts sur la figure de la jeune fille. Il sentit alors que c’était des lèvres de Mattie que s’exhalait cette plainte…

Il pencha sa tête tout contre la sienne ; il mit son oreille près de sa bouche et dans l’obscurité il vit ses yeux s’ouvrir et l’entendit prononcer son nom.

— Oh ! Matt, j’étais si sûr que nous donnerions dans l’orme ! dit-il en gémissant.

Et dans le lointain, là-bas sur la colline, il entendit le hennissement de l’alezan.

Il faut que j’aille lui donner à manger, songea-t-il…

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