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— Pourquoi ?

— Parce que je veux me mettre en avant.

— Non, non ! Comment pourriez-vous diriger ?

— Je n’ai pas besoin de diriger. Nous suivrons le chemin tracé.

Ils parlaient à voix basse, en murmures étouffés, comme si la nuit les écoutait.

— Levez-vous, levez-vous, insista-t-il.

Mais elle s’obstinait à répéter :

— Pourquoi voulez-vous vous mettre en avant ?

— Parce que… parce que j’ai besoin de sentir vos bras autour de moi, balbutia-t-il.

Sa réponse parut la satisfaire ou peut-être céda-t-elle à l’accent de sa voix. Elle se leva. Frome se pencha, cherchant de sa main l’étroite bande de glace nivelée par la descente d’innombrables traîneaux ; puis, soigneusement, il plaça les patins entre les ornières qui la bordaient. Debout à son côté, Mattie attendait. Il s’accroupit en avant de la luge, les jambes croisées, et Mattie, prenant place vivement derrière lui, l’entoura de ses bras. En sentant sur sa nuque l’haleine de la jeune fille, il frissonna, et se dressa à demi… puis, dans un éclair, il se souvint… Non ! Elle avait raison, tout valait mieux que de se séparer. Il se pencha en arrière et attira les lèvres de Mattie sur les siennes…

Au moment même où ils partaient, le cheval hennit