Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Au bas de la côte… tout de suite., reprit-elle. De façon à ce que nous ne la remontions plus jamais…

— Mattie, au nom du ciel !… Qu’est-ce que vous voulez dire ?

Elle mit ses lèvres tout contre l’oreille du jeune homme.

— Droit sur le gros orme… Vous avez dit que vous le pouviez… Ainsi, nous n’aurons plus à nous séparer jamais…

— Que dites-vous ? Vous êtes folle !

— Je ne suis pas folle, mais je le deviendrai si je dois vous quitter.

— Oh ! Mattie… Mattie… gémit-il.

Elle se cramponna à lui d’une étreinte plus serrée, son visage tout contre le sien.

— Ethan, où irai-je si je vous quitte ?… Je ne sais pas me débrouiller toute seule : c’est vous-même qui le disiez tout à l’heure. Il n’y a que vous qui m’ayez témoigné de la bonté… Et cette étrangère qui va coucher dans mon lit, où je passais toutes mes nuits à guetter l’instant où vous remonteriez…

Les mots qu’elle prononçait semblaient au jeune homme comme des lambeaux de chair arrachés de son propre cœur. Ils évoquèrent en lui la vision abhorrée de la ferme où bientôt il lui faudrait rentrer… de l’escalier qu’il aurait à gravir chaque soir et de la femme