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avait refusé. Mais, vers le coucher du soleil en descendant de la montagne, où il avait été abattre des arbres, il fut surpris par quelques joyeux lurons de la bande et entraîné jusqu’à l’étang. Il avait retrouvé Mattie, entourée de jeunes gens en gaieté, qui préparait du café sur un feu de bohémien. Sous le large bord de son chapeau de paille sa figure ambrée, aux reflets roses, brillait comme une mûre sauvage. Ethan se souvint de s’être senti tout honteux à l’idée de se présenter devant elle dans ses habits de travail. Puis il se rappela la lueur de joie qui avait illuminé les yeux de Mattie à son approche, et la façon dont elle s’était détachée du groupe pour venir au-devant de lui, une tasse à la main. Ils s’étaient assis tous deux sur le tronc abattu près de l’étang, et elle s’était aperçue qu’elle avait perdu son médaillon en or. À sa prière, tous les jeunes gens s’étaient lancés à la recherche du bijou ; ce fut Ethan qui le découvrit le premier, brillant à travers la mousse épaisse…

C’était tout… Mais toute leur intimité était faite de pareils instants de rapprochement muet, où, étonnés et attendris, ils rencontraient le bonheur comme s’ils eussent surpris un papillon dans les bois dénudés et neigeux.

— C’est ici que j’ai retrouvé votre médaillon, dit Ethan, enfonçant le pied dans une touffe de myrtilles.