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Ils gagnèrent la cuisine en silence. Ethan prit le sac et le plaid.

— Où est Zeena ? demanda-t-il.

— Elle est montée dans sa chambre tout de suite après le repas. Elle se plaignait encore de ses douleurs, et elle a défendu qu’on la dérangeât.

— Elle ne vous pas dit adieu ?

— Non…

Ethan regarda lentement autour de lui. Il songeait, en frissonnant, que dans quelques heures il rentrerait seul dans cette maison. Puis un sentiment d’irréalité s’empara de lui à nouveau ; et il ne put croire que la jeune fille se trouvait là pour la dernière fois.

— Allons, venez ! dit-il, d’une voix presque enjouée ; et il ouvrit la porte.

Il plaça le sac dans le traîneau et sauta sur la banquette. Mattie s’installa à côté de lui, et il se pencha pour l’envelopper dans la couverture.

— Hop ! en route ! cria-t-il au cheval. Il secoua les guides et le vieil alezan partit d’un pas tranquille.

— Nous avons tout le temps de faire une belle promenade, fit-il ; et cherchant la main de la jeune fille sous la fourrure, il la serra doucement. Le sang lui brûlait le visage, et la tête lui tournait comme si, par un jour de grand froid, il était entré boire un verre au bar de Starkfield.