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— J’aurai besoin de vous cet après-midi, Ethan, dit-elle. Jotham conduira Mattie à la gare.

Mattie implora Frome du regard, mais il répéta d’un ton bref :

— Je la conduirai moi-même.

Zeena reprit :

— J’ai besoin de vous pour réparer le poêle de la chambre de Mattie, avant que la servante n’arrive. Voici plus d’un mois qu’il ne tire plus.

Ethan repartit sur un ton indigné :

— Ce qui suffisait pour Mattie est bien assez bon pour une servante.

Zeena poursuivit avec la même douceur monotone :

— Elle m’a dit qu’elle avait l’habitude de servir dans des maisons chauffées au calorifère.

— Elle aurait mieux fait d’y rester, lança-t-il.

Et se tournant vers Mattie, il ajouta d’une voix dure :

— Vous vous tiendrez prête pour trois heures. J’ai à faire à Corbury.

Jotham Powell s’était déjà mis en route pour l’écurie. Ethan le suivit. Ses tempes battaient, et il était aveuglé par une rage muette. Il se mit à l’ouvrage, sans savoir quelle force le dirigeait ni comment ses pieds et ses mains exécutaient ses ordres. Ce ne fut qu’au moment où il sortit l’alezan et le fit entrer dans les brancards du traîneau qu’il reprit conscience de ses