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sécha les yeux ; puis, se penchant, elle saisit une des poignées de la malle.

Ethan l’écarta aussitôt.

— Laissez cela, Mattie, ordonna-t-il.

Elle répondit :

— Il faut être deux pour pouvoir tourner le coin…

Ethan, sans plus discuter, s’empara de l’autre poignée, et ensemble ils portèrent la malle sur le palier.

— Maintenant, laissez-moi faire, dit-il.

Il chargea le colis sur son épaule, descendit l’escalier et traversa la cuisine. Zeena, toujours assise auprès du poêle, s’était replongée dans la lecture : elle ne leva même pas les yeux quand il passa. Mattie le suivit jusqu’à la porte d’entrée et l’aida à placer la malle à l’arrière du traîneau. Puis, à côté l’un de l’autre, ils demeurèrent sur le seuil à regarder Daniel Byrne s’éloigner au grand trot de son cheval impatient.

Il semblait à Ethan que son cœur était ligoté par des cordes qu’une main invisible resserrait à chaque tic tac de la pendule. Deux fois il ouvrit la bouche pour adresser la parole à Mattie, et deux fois le souffle lui manqua. Enfin, comme elle se retournait pour rentrer, il posa la main sur son bras et la retint.

— Je vous conduirai moi-même, Mattie, dit-il.

Elle murmura à mi-voix :