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Celle-ci lui répondit de son ton habituel, et même s’échauffant sur le sujet elle leur fit une description imagée de plusieurs cas de maladies intestinales parmi ses parents et amis de Bettsbridge. Pendant qu’elle parlait, le regard posé sur Mattie, un faible sourire creusait des lignes verticales de son nez à son menton,

Lorsque le souper fut achevé, elle se leva et appuya la main sur sa poitrine décharnée, au-dessus de la région du cœur :

— Vos pâtés sont toujours une idée trop lourds, Matt, dit-elle sans acrimonie. Il lui arrivait rarement d’abréger ainsi le nom de la jeune fille, et, quand elle le faisait, c’était un signe de bonne humeur.

— J’ai bien envie d’aller chercher ces poudres pour l’estomac, que j’ai rapportées l’an dernier de Springfield, continua-t-elle en se levant. Je n’en ai pas pris depuis quelque temps : peut-être me feront-elles passer mes aigreurs.

Mattie leva les yeux.

— Voulez-vous que j’aille les chercher, Zeena ? risqua-t-elle.

— Non. Vous ne savez pas où je les mets, répondit mystérieusement Zeena.

Elle sortit de la cuisine et Mattie se mit à desservir. Comme elle passait auprès de la chaise d’Ethan leurs regards se croisèrent : ils exprimaient une même déso-