Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je ne crois pas pouvoir expliquer, dit-elle, troublée.

Westall avança son fauteuil vers la cheminée de manière à faire face à Julia ; et, à la lueur de la lampe, son fin visage semblait empreint de la même grâce factice que les bibelots qui l’entouraient.

— C’est donc que vous ne croyez plus à nos idées ? dit-il.

— À nos idées ?

— Les idées que je cherche à propager, les idées dont vous et moi sommes censés être les champions… (Il hésita un instant.) Les idées sur lesquelles a été fondé notre mariage, ajouta-t-il.

Le sang afflua au visage de Julia. Donc il y avait une raison ; oui, elle en était sûre maintenant. Dans ces dix années de mariage, combien de fois avait-il songé aux idées sur lesquelles reposait leur union ? Un homme creuse-t-il le soubassement de sa maison pour s’assurer que les fondations sont solides ? Elles existent, ces fondations, bien entendu, et c’est sur elles qu’est construite la maison ; mais on habite au-dessus et non dans le souterrain. C’était elle, à vrai dire, qui dans les débuts avait parfois insisté pour étudier la situation, récapitulant les raisons qui justifiaient sa propre conduite et pro-