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sourire légèrement moqueur qui seul pouvait lui permettre de supporter la flatterie à haute dose sans paraître par trop fat. Julia eut un peu honte d’interpréter ainsi son sourire.

Comme ils rentraient tous deux à la brune, à travers les rues désertes par ce soir d’hiver, Westall serra tout à coup, gaiement, le bras de sa femme.

— Leur ai-je un peu ouvert les yeux ? Leur ai-je bien dit ce que vous vouliez ? demanda-t-il d’un ton enjoué.

Presque inconsciemment elle détacha son bras du sien.

— Ce que je voulais ?…

— Comment ! ce n’était donc pas là de tout temps votre désir ? (Elle remarqua combien il avait l’air franchement surpris.) Je pensais que vous m’en vouliez de n’avoir pas déjà parlé plus ouvertement. Ne m’avez-vous pas fait parfois sentir que j’avais sacrifié mes principes à l’opportunité ?

Elle réfléchit avant de répondre, puis demanda avec calme :

— Qu’est-ce qui vous a décidé à rompre ce silence ?

Et elle sentit encore une légère surprise dans la voix de Westall.

— Mais, tout simplement le désir de vous