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chez elle pour m’exprimer sa reconnaissance.

Le Fanois avait reculé son fauteuil. Il se souleva à demi avec un mouvement irréfléchi ; puis il se ravisa et se rassit.

— Continuez, dit-il à voix basse.

— Elle était tellement émue, la pauvre chère petite, qu’elle avait de la peine à trouver ses paroles ; mais je devinais bien ce qu’elle voulait me dire, et je l’embrassai, en la priant de se taire et de se calmer. Alors elle me répondit qu’il lui serait impossible de jouir de son propre bonheur sans faire ce qu’elle pouvait pour assurer le mien. Elle me savait presque sans ressources, et ne supportait pas l’idée que je continuasse à vivre aux dépens des autres. Elle avait appris qu’en France une jeune fille ne peut guère se marier sans dot, et elle me pria d’accepter une donation qu’elle glissa dans ma main avec ses pauvres doigts brûlés de fièvre. Sa mine m’inquiétait déjà, et j’acceptai son cadeau avec un baiser, mais sans même jeter un coup d’œil sur le papier. Le lendemain la pneumonie se déclara, et trois jours après, elle était morte. J’avais serré le papier dans mon écritoire, et ce n’est que le jour après l’enterrement que je le regardai.

Elle s’arrêta un instant ; puis elle glissa sa main sous les dentelles de son corsage, et en