nuit, et enseignaient d’étranges doctrines dans les chaumières. Ce qu’ils enseignaient, elle ne pouvait clairement expliquer, sauf que, d’après leur créance, chaque âme est en communication directe avec le Créateur, sans que besoin soit de prêtre ou d’intermédiaire d’aucune sorte. Et, de la bouche de certains de leurs disciples, elle avait ouï dire qu’il y a deux divinités, celle du bien et celle du mal, et que le dieu du mal est assis à Rome sur le trône pontifical. Mais, en dépit de ces ténébreuses doctrines, ces gens étaient doux et compatissants, pleins de bonté envers les pauvres et les chemineaux. Aussi fut-elle affligée lorsqu’un jour parut un moine dominicain, suivi d’une troupe de soldats, qui s’emparèrent de plusieurs des tisserands et les traînèrent en prison, tandis que les autres, avec leurs femmes et leurs enfants, gagnaient la forêt en plein hiver. Elle prit la fuite avec eux, redoutant d’être accusée de leur hérésie et pendant des mois ils se tinrent cachés en des lieux sauvages ; les plus âgés et les moins robustes, lorsqu’ils tombaient malades par suite des privations et des intempéries, étaient pieusement soignés par leurs frères et mouraient dans la foi assurée du paradis.
La femme sauvage racontait toutes ces choses avec modestie et simplicité, comme ne s’y étant