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Il ne parut ni entendre ni voir l’arrivée de l’ermite, et se tint tout tranquille, jusqu’à ce que le jeune garçon lui dit : « Mon père, voici un pèlerin. » Alors le saint éleva la voix et demanda rudement qui était là et ce que voulait l’étranger. L’ermite répondit : « Mon père, le renom de vos saintes pratiques est venu jusqu’à moi, fort loin d’ici. Étant moi-même un solitaire, et bien que je ne puisse vous être comparé en piété, il m’a paru séant de passer les monts afin que nous nous trouvions réunis et puissions louer la solitude. » Le saint répliqua : « Imbécile, comment deux hommes pourraient-ils se réunir et louer la solitude, puisque, par le fait même, ils mettent fin à l’objet de leurs louanges ! » À cela l’ermite fut cruellement interdit, car il avait médité en chemin les termes de sa harangue, la récitant nombre de fois. Aujourd’hui elle lui apparaissait plus vaine que le pétillement du fagot sous la marmite. Toutefois il reprit courage et dit : « Il est vrai, mon père ; mais deux pécheurs ne peuvent-ils s’asseoir côte à côte et louer le Seigneur, qui leur a enseigné les bienfaits de la solitude. » L’autre répondit : « Si tu avais vraiment appris à connaître les bienfaits de cette solitude, tu n’en ferais pas si bon marché en d’inutiles pérégrinations. » Et comme l’ermite