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sujet de mon ami se changea en un désir sérieux de le mieux comprendre.

— Racontez-moi donc comment c’est arrivé, lui dis-je.

Il continuait à regarder le petit tableau, en roulant entre ses doigts une cigarette qu’il avait oublié d’allumer. Tout à coup il se tourna vers moi :

— Oui, je vous le raconterai volontiers, parce que je vous ai toujours soupçonné de mépriser mes œuvres.

Je fis un geste de protestation qu’il arrêta avec un haussement d’épaules plein de bonne humeur.

— Oh ! mon cher, je m’en fichais quand j’avais foi en moi-même ; et maintenant c’est un lien de plus entre nous !

Il eut un sourire ironique et poussa en avant un fauteuil.

— Là, installez-vous confortablement. Voici les cigares que vous aimez.

Il les plaça à ma portée, et continua à arpenter la pièce, en s’arrêtant de temps à autre sous le tableau de l’âne.

— Comment c’est arrivé ? Je vous le conterai en cinq minutes. Et cela n’a pas pris plus de temps !… Je me rappelle encore mon étonnement et ma joie en recevant la lettre de