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— Il le faudra, répondit-il d’un ton décidé, si vous persistez à reconnaître en moi votre ancien ami, le comte Siviano.

— Roberto !

Il leva la main.

— Egidio, dit-il, je suis seul ici et sans ami. L’amitié, la sympathie de mon curé seraient pour moi une consolation dans cette ville étrangère ; mais il ne faut pas que ce soit celle du curé de Siviano : vous comprenez ?

— Roberto, m’écriai-je, c’est trop affreux de comprendre !

— Soyez homme, Egidio, dit-il avec un peu d’impatience. Vous avez le choix et il faut décider maintenant. Si vous consentez à ne faire aucune question, à ne nommer personne, à ne faire aucune allusion au passé, vivons comme des amis pour l’amour de Dieu ! Sinon, dès que mes jambes pourront me porter, il me faudra repartir. Le monde est grand, heureusement. — Mais pourquoi nous séparer, après tout ?

Je tombai à genoux à ses côtés.

— Il ne le faut pas, m’écriai-je. Faites de moi ce que vous voulez. Donnez-moi vos ordres et je vous obéirai. Sauf une fois, ne vous ai-je pas toujours obéi ?

Je sentis sa main se refermer sur la mienne.

— Egidio, me dit-il avec reproche.