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vous remercier de la bonté que vous avez montrée à un étranger sans ami.

— Un étranger ? dis-je avec stupéfaction.

Il me regarda tranquillement.

— Je ne crois pas que nous nous soyons jamais rencontrés, dit-il.

Un instant, je crus qu’il était repris de fièvre ; mais un second coup d’œil me prouva qu’il était parfaitement maître de lui.

— Roberto ! m’écriai-je en tremblant.

— Je vous demande pardon, dit-il froidement, mais mon nom est Roberti et non Roberto.

Je crus que le plancher allait me manquer et je dus m’appuyer contre le mur.

— Vous n’êtes pas le comte Roberto de Siviano, de Milan ?

— Je suis Tommaso de Roberti, professeur d’italien, et je viens de Modène.

— Et vous ne m’avez jamais vu ? poursuivis-je.

— Jamais, que je sache.

— N’avez-vous jamais demeuré à Siviano, sur le lac d’Iseo ? dis-je en baissant la voix.

Il répondit tranquillement :

— Je ne connais pas cette partie de l’Italie.

Mon cœur se serra et je me tus.

— Vous m’avez confondu avec un ami, je suppose, ajouta-t-il.