Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/284

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Pastrengo, de Goito, de Rivoli ; nous sûmes que Radetsky était cerné et que nos troupes, arrivant de Rome, de Toscane et de la Vénétie, se refermaient sur lui. Puis des mois s’écoulèrent, et nous eûmes la nouvelle de la défaite de Custozza. Nous vîmes les forces dispersées de Charles-Albert repoussées du Mincio à l’Oglio, de l’Oglio à l’Adda. Nous suivîmes de loin la terrible retraite de Milan, et nous vîmes nos sauveurs balayés comme la poussière par un jour d’orage. Jamais nous n’eûmes un mot de Roberto.

Un ciel noir pesait sur la Lombardie, et nulle part il ne pesait plus lourdement que sur la vieille villa d’Iseo. En septembre Donna Marianna et la jeune comtesse prirent le deuil ; le comte Andrea et Gemma suivirent leur exemple. En octobre, la comtesse accoucha d’une fille.

Faute d’un héritier mâle, le comte Andréa prit possession du palais Siviano, et les deux femmes restèrent à la villa. Je n’ai pas le courage de vous raconter ce qui suivit. Donna Marianna ne cessait de pleurer et de prier, et il se passa beaucoup de temps avant que l’enfant ne lui arrachât un sourire. Quant à la comtesse Faustina, elle restait impassible comme une des statues du jardin. On choisit dans le