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pour l’instant trop absorbé par son travail pour s’éloigner de Milan, et sa femme et sa sœur l’y avaient rejoint après les chaleurs du mois d’août. Durant l’automne, il m’avait fait venir une fois ou deux pour me consulter sur des affaires qui concernaient ses vergers et, au cours de nos conversations, il avait parfois fait allusion à des choses plus graves. Ce fut au mois de juillet de cette année qu’une troupe de Croates avait marché sur Ferrare avec des fusils et des canons chargés. La vue des canons avait réveillé la haine pour l’Autriche, et maintenant le pays tout entier répétait le cri de la Lombardie : « Repoussons le barbare ! » Dans ces cœurs brûlant de patriotisme il ne pouvait entrer aucune idée d’accommodement, de compromis, de réorganisation : l’Italie aux Italiens d’abord ; monarchie, fédération, république ensuite, qu’importe ?

La griffe de l’oppresseur nous étranglait, et les plus clairvoyants devinaient bien que l’intention secrète de Metternich était de provoquer une rébellion qu’il ferait écraser ensuite par ses Croates. Mais c’était trop tard pour rappeler la Lombardie à la prudence. Dans les premiers jours de la nouvelle année, au cours des émeutes du tabac, le sang avait coulé dans Milan. Peu après, le club du Lion avait été