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habituée aux réunions solennelles du palais Siviano, se plût dans un salon où les causeries étaient aussi animées que celles de la villa florentine où s’abritaient contre la peste les joyeux conteurs de Boccace. Mais le mécontentement politique s’accentuait et, malgré les affinités autrichiennes de Gemma, il ne lui était plus possible de recevoir ouvertement l’ennemi. Toutefois on murmurait tout bas que sa porte restait toujours entre-bâillée pour les vieux amis ; et ces bruits venaient peut-être de ce que l’un d’eux, officier de cavalerie autrichienne, était son propre cousin, — le fils de cette tante dont la mésalliance avait si souvent fait le sujet des railleries de son beau-père. On ne pouvait blâmer la comtesse Gemma de ne pas fermer son salon à quelqu’un de son sang, et l’ostracisme dont les officiers de la garnison étaient l’objet rendait naturel que le jeune Welkenstern se prévalût de sa parenté pour fréquenter la maison. Toutes ces choses avaient dû parvenir aux oreilles de Roberto ; mais il n’y parut pas, et sa femme continua à aller et venir comme bon lui semblait. Lorsqu’ils retournèrent, l’été suivant, dans la villa ombreuse de Siviano, on aurait pu comparer sa voix au clair ruisseau qui met sa note joyeuse dans le silence des bois et sa fraîcheur à celle du printemps. Il