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gardé vis-à-vis de leurs maîtres un extérieur de bienveillance. Les nobles s’étaient engagés sous les ordres du vice-roi, et dans le passé les deux aristocraties s’étaient alliées par de fréquents mariages. Mais maintenant, une à une, les grandes familles avaient fermé leur porte au monde officiel. Bien que quelques-uns, parmi les plus jeunes et les plus indifférents, ceux-là qui veulent danser et dîner à tout prix, persistassent à aller au palais et à se montrer à l’Opéra, côte à côte avec l’ennemi, la mode avait changé, et ceux qui n’avaient jamais voulu frayer avec les Autrichiens étaient maintenant applaudis comme des patriotes. Parmi ceux-ci, naturellement, se trouvait le comte Roberto, qui, pendant plusieurs années, s’était tenu à l’écart de la société autrichienne et en avait silencieusement voulu à son frère de n’en pas faire autant. Andrea et Gemma étaient comme ces papillons de nuit que la lumière attire. Les terres qu’avait Gemma en Istrie, et les relations de sa famille avec la noblesse autrichienne, leur donnaient un prétexte de faire leur cour au vice-roi. Roberto les laissait libres, bien que son attitude fût une protestation muette contre leur conduite. Ils étaient toujours les bienvenus au palais Siviano ; mais Donna Marianna et son frère aîné avaient renoncé à sortir pour n’avoir