Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui attend à la grille. Il faut que vous rentriez avec moi.

Il fit un signe d’assentiment et je passai sa main sous mon bras.

Il voulut retourner sur la tombe.

— Encore un instant, mon fils, dit-il ; c’est peut-être pour la dernière fois !

Il restait là, immobile, les yeux fixés sur les fleurs amoncelées, qui étaient déjà meurtries et noircies par le froid.

— Le laisser seul ainsi — après soixante ans ! Mais Dieu est partout, murmura-t-il au moment où je l’emmenais.

Il me sembla peu disposé à parler en revenant, et j’étais surtout préoccupé de le tenir enveloppé dans mon gros manteau, et de lui faire faire son lit dès que je l’eus ramené chez lui. La sage-femme alla chercher dans sa chambre un couvre-pieds capitonné, et le dorlota comme s’il eût appartenu au sexe qui avait d’habitude recours à ses services ; tandis qu’Agostino, sur mon ordre, apportait un bol de soupe chaude, qui s’annonça de loin par un réconfortant parfum d’ail. Je laissai le curé aux mains expertes de la garde-malade, comptant passer le lendemain soir pour prendre des nouvelles ; mais un surcroît de travail me retint très tard à l’usine, et, le jour suivant, il se pré-