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Un beau jour son Mécène mourut en léguant toute sa fortune à des parents d’Amérique. Ce fut une grosse déception pour Le Fanois ; mais heureusement un successeur se présenta bientôt, et peu à peu il s’habitua à son rôle de metteur en scène — c’est lui qui l’avait ainsi défini — et devint le conseiller attitré des pèlerins d’outre-mer qu’anime le pieux désir de dépenser leurs millions au profit des oisifs parisiens.

Ses liens de famille, et sa personnalité fine et charmante, lui avaient permis de rester en relation avec le vrai monde, celui qui se tient à l’écart de l’existence cosmopolite ; et Le Fanois jouait le rôle d’intermédiaire entre les transfuges de ce milieu, ceux que tourmente la soif du luxe et du mouvement, et les explorateurs du Nouveau Monde qui aspiraient à pénétrer dans leur société fermée.

Cependant sa tâche n’avait pris des proportions sérieuses — il n’était devenu vraiment homme d’affaires — que depuis qu’il avait fait connaissance avec miss Blanche Lambart. Cette jeune fille, rencontrée dans une réunion de la colonie étrangère, l’avait tout de suite frappé par son air d’intelligence fine et exempte de préjugés. Il avait trop pratiqué ses compatriotes pour ne pas s’apercevoir très vite qu’elle avait une origine plus distinguée que la plupart de