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À travers tout ce qui suivit, — les protestations, les arguments de Gannett, et sa soumission finale, mais sans conviction, — Lydia eut le sentiment qu’il ne discernait qu’à moitié tout ce qui, pour elle, avait rendu ce moment si pénible. Ils avaient atteint ce point mémorable dans toutes les histoires de cœur où, pour la première fois, l’homme paraît inintelligent et la femme déraisonnable. À la réflexion, ce fut l’empressement un peu maladroit de Gannett qui consola Lydia de son manque de finesse. Après tout, n’eût-ce pas été pire, incalculablement pire, s’il s’était montré trop prompt à la comprendre ?


II

Quand, à la tombée de la nuit, le train les déposa enfin au bord d’un des lacs, Lydia fut bien aise de n’avoir pas, comme d’habitude, à passer d’une solitude dans une autre. Leur perpétuel voyage, depuis un an, avait ressemblé à une fuite de proscrits : à travers la Sicile, la Dalmatie, la Transylvanie et l’Italie méridionale, ils avaient tacitement persisté à éviter leur prochain. L’isolement, d’abord, avait donné une