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ne pas vivre un peu partout, comme nous l’avons fait jusqu’ici ?

— Mais nous ne pouvons pas voyager toujours, n’est-ce pas ?

— Oh ! « toujours » est un bien grand mot ! répliqua-t-elle en ramassant la revue qu’il avait jetée de côté.

— Je veux dire : tout le reste de notre vie ! fit-il en se rapprochant.

Mais Lydia, par un léger mouvement, esquiva la main qu’il étendait vers la sienne.

— Pourquoi donc faire des plans ? Ne trouvez-vous pas, comme moi, plus agréable de se laisser aller au fil de l’eau ?

Il la regarda avec hésitation.

— Agréable, oui, pour un temps, c’est certain ; mais ne faudra-t-il pas que je me remette au travail, un de ces jours ? Vous savez que je n’ai pas écrit une ligne depuis… tous ces temps-ci, — corrigea-t-il vivement.

Elle tourna vers lui un visage rayonnant de sympathie et de remords :

— Oh ! si c’est là ce que vous voulez dire, si vous désirez écrire, il faut, bien entendu, que nous nous arrêtions quelque part. Comme je suis sotte de n’y avoir pas pensé plus tôt ! Où irons-nous ? Où pensez-vous pouvoir le mieux travailler ? Il ne faut plus perdre de temps.