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n’avait quitté son mari que pour vivre avec Gannett, elle vit clairement le sens de tout ce qui touchait à leurs relations. Son mari, en la rejetant, l’avait pour ainsi dire poussée dans les bras de Gannett : c’était ainsi que le monde envisageait la chose. Le degré d’empressement avec lequel Gannett la recevrait allait devenir le sujet d’intéressantes controverses autour des tables à thé et dans les cercles. Elle savait ce qu’on dirait d’elle : elle l’avait entendu si souvent à propos d’autres ! Ce souvenir la consterna. Les hommes parieraient probablement que Gannett ferait « ce qu’il était convenable de faire » ; mais les sourcils des femmes indiqueraient à quel point cette fidélité forcée leur paraîtrait sans valeur ; et, après tout, elles auraient raison. Lydia s’était placée dans une situation où Gannett lui « devait » quelque chose, , en galant homme, il était tenu de « réparer ». L’idée d’accepter une telle compensation ne lui avait jamais traversé l’esprit ; la prétendue réhabilitation que serait un tel mariage, voilà, pour elle, la seule véritable honte. Ce qu’elle redoutait surtout, c’était d’avoir à s’expliquer avec Gannett, d’avoir à combattre ses arguments, à calculer, malgré elle, l’exacte mesure d’insistance par laquelle il chercherait à les lui imposer. Elle ne savait pas ce qui lui faisait plus