Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voiture et sonna ; la clarté s’était faite dans son cerveau à mesure qu’elle agissait, et elle se sentait maintenant calme et maîtresse d’elle-même ; elle savait exactement ce qu’elle allait dire !

Ces dames étaient sorties toutes deux… la parlour-maid étendit la main pour recevoir la carte de Julia. Mais elle balbutia quelques mots vagues, tourna le dos à la porte et s’attarda un instant sur le trottoir. Puis elle se rappela qu’elle n’avait pas payé le cocher et, tirant un dollar de son porte-monnaie, elle le lui tendit. Le cocher porta la main à son chapeau et repartit, la laissant seule dans la rue déserte. Elle erra vers l’ouest, vers des rues peu fréquentées où elle n’aurait aucune chance de rencontrer des gens de connaissance, sans aucun but et n’en voulant pas avoir. Un moment, elle se trouva perdue dans la foule qui, l’après-midi, se presse dans Broadway ; elle passa vite devant les boutiques, les étalages voyants, les affiches de théâtre, ne regardant même pas les physionomies banales des gens qui la croisaient.

Elle se rappela soudain qu’elle n’avait pas déjeuné. Dans une rue aux maisons délabrées, elle vit sur une fenêtre de sous-sol l’enseigne : « Restaurant de Dames » et à l’étalage une tarte à côté d’un plat de dough-nuts desséchés.