mur. La première pensée qu’elle put ressaisir fut qu’elle n’avait pas manqué à sa parole, qu’elle avait rempli leur engagement à la lettre. Elle ne s’était pas récriée, n’avait pas récriminé sur le passé et n’avait tenté ni de temporiser, ni de reculer le dénouement ; elle avait courageusement marché au-devant de l’ennemi.
Mais maintenant qu’elle se trouvait seule, elle eût voulu en finir… Elle regardait autour d’elle, cherchant à réaliser le présent. Son identité semblait lui échapper comme dans une syncope physique. « Ceci est mon salon, — ceci est ma maison, » disait une voix en elle. Son salon ? sa maison ? Elle entendait presque les murs lui répondre ironiquement.
Elle se leva, lasse jusque dans la moelle des os. Le silence de la pièce l’impressionna. Elle se rappela alors comme un vague écho avoir longtemps auparavant entendu la grande porte se fermer. Son mari devait avoir quitté la maison, alors… Son « mari » ? Elle ne savait plus comment exprimer sa pensée. Les phrases les plus simples étaient pleines d’amertume ! Elle retomba exténuée sur sa chaise. La pendule sonna dix heures. Il n’était que dix heures ! Tout à coup elle se souvint qu’elle n’avait pas commandé le dîner… ou bien dînaient-ils dehors ce soir-là ?… Dîner ? dîner dehors ? La