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Là, tu pourras du moins, dans un silence austère,
Oublier, pour un jour, les luttes dé la terre,
Remonter sur ton char à l’heure du réveil,
Redescendre le soir, et, dans une île heureuse,
Fixer, jusqu’au matin, ta tente aventureuse,
Sans craindre qu’un torrent l’emporte en ton sommeil.

Pour abriter, plus tard, les jours que Dieu t’accorde,
Pour lui dresser dans l’ombre un humble et chaste autel,
Pour voir fleurir longtemps la paix et la concorde
Autour d un foyer fraternel ;
Pour attendre, en priant, l’heure de délivrance
Où tu retourneras, sous l’œil d’un saint pasteur,
Rendre compte à ce Dieu de tes jours de souffrance,
Et de tes instants de bonheur,

O Muse ! enseigne-moi quelque toit solitaire
Dont jamais un écho n’ait trahi le mystère
Sans éveiller de loin un vœu cher à ton cœur,
Qui s’ouvre avec amour sous de larges ombrages
Pour recueillir les dons, si doux même aux plus sages,
D’un champ toujours fertile et béni du Seigneur.