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N’offre plus de nos jours que le hideux spectacle
Du triomphe impuni de viles passions,
Qui, dans leur choc aveugle, écrasent sans obstacle
La morale expirante au cœur des nations.

Et quand, à flots boueux, de cet égout infâme,
Débordent, chaque soir, sur un peuple interdit,
Les monstruosités de quelqu’ignoble drame
Où le meurtre et l’inceste, au fond d’un même lit
S’accouplent sous nos yeux, nul père de famille
Dont un pareil cynisme épouvante le cœur,
Qui voit rougir de honte et sa femme et sa fille,
Ne déserte sa loge avec un cri d’horreur !

Si du moins pour combattre et repousser le vice
Vous nous eussiez laissé quelqu’arme protectrice !….
Mais vous avez brisé notre plus ferme appui.
De la religion de nos jeunes années,
Vous avez dépouillé nos âmes profanées,
Et nous voilà nus aujourd’hui.

Nous voilà tous flétris, tous jetés en pâture
Aux fléaux dévorants d’une aveugle nature
Où le droit du plus fort règne victorieux,
Et n’ayant plus à nous, pour reposer nos têtes,
Pour jeter les débris échappés aux tempêtes,
Que le fossé du champ creusé par nos aïeux.