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Otez aux passions le frein qui les enchaîne,
Détachez les boulets de forçats dépravés,
Pour en briser la tête à la justice humaine ;
Mais aussi voilà tout, tout ce que vous savez !

N’importe ! ivres d’orgueil, vous poursuivez la route
Où, loin de tout soleil, vous égara le doute,
Et malgré les dangers qui planent sur vos jours,
Et malgré les conseils d’une voix libre et sage,
Fermés dans vos manteaux tourmentés par l’orage,
Vous marchez, vous marchez toujours.

Ah ! vous avez raison de fuir ce sol aride,
Fond ténébreux et froid d’un grand sépulcre vide,
Cale d’un vieux vaisseau qui vogue vers Babel,
Et, dans votre dégoût et dans votre impuissance
A sauver les débris d’une auguste croyance,
A relever le trône, à rebâtir l’autel,
De crier, jour et nuit, aux peuples de la terre
Accroupis, l’œil en pleurs, sur leur lit de misère,
Dans un abandon mutuel :

« En avant, en avant, sans relâche, sans trêve !
« Dans son lit foudroyé que la mer se soulève,
« Qu’il s’ouvre un noir volcan sous un ciel toujours bleu,
« Que la terre engloutisse un empire en détresse,
« Des profondeurs du ciel qu’un soleil disparaisse,
« En avant, en avant, sous la garde de Dieu !