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« De l’occident plein d’ombre à l’orient splendide,
« Par des plaines de glace ou par des champs de feu,
« Sur la frégate anglaise ou le coursier numide,
« En avant, en avant, sous la garde de Dieu !
« Peuples, Rois, en avant, le front haut, l’œil limpide !
« Il est mort, le Passé, dans un sanglant adieu,
« Et sa lance inutile et sa crosse invalide
« Roulèrent sous son char dont se brisa l’essieu ! »

Mais où donc allons-nous ? Quelle est donc la conquête
Que ta voix, ô tribun, que ta lyre, ô poëte,
Promettent à notre avenir ?
Dites ! que voulez-vous ? Où sont les plans sublimes
Des rayonnantes Tyrs, des superbes Solymes
Que vous prétendez rebâtir ?

Au milieu des éclairs d’une nuit de tempête,
Avez-vous de l’Horeb osé gravir la crête ?
Avez-vous entrevu près du buisson ardent
L’ombre de Jéhovah ou l’ombre de Moïse ?
Savez-vous le chemin de la terre promise ?
Passeriez-vous à pied les mers de l’Orient ?

Non ! vous ne savez rien. Au milieu de nos luttes,
Tous vous avez perdu le souvenir du ciel,
Et, courbés sous le mal, vous vous êtes faits brutes
Pour pouvoir sans remords oublier l’Éternel.