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Adieu les peupliers dont la verte jeunesse
Ombrageait de tes murs l’auguste vétusté ;
D’un ciel morne et glacé la brumeuse tristesse
Dérobe seule aux yeux ta vaste nudité.

Plus de jeux solennels ni de fêtes publiques !
Au premier choc armé qui t’annonça des fers,
Se dispersa l’essaim de tes vierges pudiques
Qui brillaient dans tes bals et paraient tes concerts ;
Ton septembre a perdu ses couronnes fleuries ;
Il a, depuis ta chute, oublié sans retour,
Ses refrains si connus et ses rondes chéries,
Tous appris avec tant d’amour.

Plus de ces longs banquets où sous le patronage
Des nobles défenseurs de nos modernes droits,
Nous chansonnions, Amis, les abus d’un autre âge,
Et le pâle imposteur qui leur vendait sa voix ;
Où, libre de tout frein, notre patriotisme
Ébranlait de ses toasts leurs salons libéraux,
Et, la coupe à la main, vouait à l’ostracisme
Tous les descendants des Nassaux.

Relégués loin de nous par les destins contraires,
Les vivants, dans tes murs, ressemblent à nos morts ;
La banqueroute siège au foyer de nos pères,
Où jadis l’abondance épanchait ses trésors ;