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Réduit en esclavage et parqué dans nos villes,
Toujours le front courbé sur des travaux serviles,
Et trop faible, ou trop fier, pour secouer sa croix,
Il ne peut, comme vous, s’enfuir vers nos campagnes,
S’en aller respirer l’air libre des montagnes,
Ni retremper sa force aux sources des grands bois.

Tous ces dons opulents que l’été fait éclore,
Champs parés avec faste au réveil de l’aurore,
Sombres vallons si frais quand le jour s’est enfui,
Ciel lumineux et pur qui brille sur nos plaines,
Ombrages, fleurs, oiseaux, rochers, torrents, fontaines,
Tous ces trésors de Dieu n’existent pas pour lui.

S’il quittait, un seul jour, sa tâche commencée,
Pour vivre, comme nous, par l’âme et la pensée,
Le lendemain peut-être il manquerait de pain ;
Il trouverait, au seuil de sa demeure, un sbire
Qui viendrait enlever à sa femme en délire,
Jusqu’aux langes du fils endormi sur son sein.

Femmes, pitié pour lui ! prévenez sa ruine.
Quels que soient les autels où votre front s’incline,
Quel que soit le symbole adopté par la Foi,
Les hommes sont jugés tous par le même arbitre,
Tous n’ont pour s’éclairer qu’un seul et même titre :
Cet arbitre, c’est Dieu ; ce titre, c’est sa loi ;