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Ah ! dans un tel instant, ô Reines de la terre,
Votre saint dévoûment recevra son salaire,
Vous verrez s’accomplir votre plus noble vœu :
Un immense bonheur inondera votre âme,
Et le cœur en extase, et le regard en flamme,
Vous direz : Oh ! merci, merci, merci, mon Dieu !

Alors, à votre tour, par un sublime échange,
Vous bénirez le Pauvre exhumé de sa fange,
Et, dans l’enivrement de votre orgueil sauveur,
Femmes, vous donnerez, sans plaintes, sans murmures,
Votre or, vos diamants, et toutes vos parures,
Pour retrouver encor ces instants de bonheur.

Qu’ils sont doux, en effet, à l’âme fière et tendre,
Heureuse d’admirer et digne de comprendre
Toute la sainteté d’une noble action !
Rien n’en peut affaiblir le souvenir austère,
Qui, lentement, sans bruit, s’élève de la terre,
Pour retomber plus tard en trésors de pardon.

Femmes, de ces jours d’or parez votre jeunesse.
Mais hâtez-vous, allez, allez, le danger presse ;
Le Pauvre ne peut pas attendre le printemps :
Il n’en est pas pour lui dans son morne royaume ;
Ainsi que dans son cœur, sous son abri de chaume,
L’hiver, si court pour vous, l’hiver règne en tout temps.