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Femmes, quand vous irez dans ces réduits humides
Où l’indigence, en pleurs, vous tendra ses mains vides,
Vous sentirez trembler et fléchir vos genoux ;
Votre œil se troublera devant ce tableau sombre,
Ne fuyez pas, restez, n’ayez pas peur de l’ombre ;
Votre cœur vous éclaire, et Dieu marche avec vous.

Sans doute, il vous faudra subir bien des tortures,
Poser vos chastes doigts sur d’immondes blessures,
Braver un air mortel qui révolte les sens,
Regarder à vos pieds se traîner la vieillesse,
Entendre autour de vous bien des cris de détresse,
Sans oser quelquefois en pénétrer le sens ;

Mais aussi, croyez-moi, quand, sur vos mains tremblantes,
Vous sentirez tomber quelques larmes brûlantes,
Pleurs d’une mère, hélas ! qui se voyait mourir ;
Quand, debout, le front nu, l’œil humide de joie,
Remerciant enfin celui qui vous envoie,
Le père élèvera la voix pour vous bénir ;

Quand vous verrez l’aïeule, en s’éveillant d’un rêve,
Demander, pauvre aveugle, au fils qui la soulève,
Si c’est un ange, un Dieu, qui vient les consoler,
Et les petits enfants, surpris de leurs richesses,
Sur vos bras maternels sourire à vos caresses,
Et vous tendre leur joue en craignant de parler ;