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Savez-vous que le Pauvre, à l’aspect de vos fêtes,
À l’éclat des joyaux qui brillent sur vos têtes,
Sur vos seins, à vos bras, sur vos robes de bal,
Par un retour poignant sur sa propre misère,
Trouve son pain plus dur, sa coupe plus amère,
Et succombe, plus vite, à l’empire du mal ?

Savez-vous que, la nuit, s’il rentre en sa demeure
Heurtant sur son grabat une femme qui pleure,
De pauvres enfants nus qui lui disent : J’ai faim ;
Il lui faut un cœur fort, un courage sublime
Pour pardonner au Riche, et résister au crime
Qui lui dit, à son tour : Viens, suis-moi, j’ai du pain !

Femmes, n’aggravez pas des maux trop grands peut-être.
Soyez bonnes pour lui, soyez fières de l’être,
Mais bonnes par amour, et non par vanité.
Femmes ! la Pauvreté, c’est une chose auguste ;
Offrez, avec respect, le denier d’or du juste,
Et ne profanez pas la sainte Charité.

Ne versez pas vos dons en des mains étrangères,
Faites le bien par vous, comme l’ont fait vos mères ;
Il n’est point de devoir et plus noble et plus doux.
Le bien, semé sans bruit, ne tarde pas d’éclore.
Qu’importe à votre cœur que le monde l’ignore !
Il est quelqu’un là haut qui le saura pour tous.