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Le même, n’est-ce pas, qui de son cri sauvage
Arrêta lâchement l’humble essor de ton nom,
Qui souilla de tes jours la plus brillante page
De sa bave et de son limon ?
Le même, n’est-ce pas, qui sur ta route obscure,
De ton gardien céleste éteignant le flambeau,
Dressa pour piédestal à ta gloire future
Le socle d’un sanglant tombeau ?

Et le monde s’émeut, et le monde s’étonne
En voyant, chaque jour, tomber de sa couronne
Quelque nouveau fleuron privé de sa splendeur,
Lui dont la haine aveugle ameute la tempête
Qui courbe trop souvent la plus sublime tête,
Et flétrit le plus noble cœur !

Quand l’ignorance ou l’injustice
Méconnaît leurs vivants travaux,
La mort cesse d’être un supplice
Pour l’artiste et pour le héros ;
La mort est la seule retraite
Qui s’ouvre pour les recevoir,
Et la gloire absout le poëte
Qui s’y jette par désespoir.

Qu aurait-il fait encor sur cette triste terre ?
Des flancs de son navire errant et solitaire