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Pourtant, dis-moi, ma Mère, en ces jours où la Presse
Te dénonce, à regret, de sa voix vengeresse,
Quelqu’outrage à des droits qu elle aime à protéger,
Quelque pacte honteux dont le peuple s irrite,
Quelque lâche attentat que dans l’ombre médite
L’orgueil jaloux de l’Étranger ;

Ne sens-tu pas, dis-moi, dans sa fierté guerrière,
Ton lion tout à coup se dresser sur la pierre,
Et les anges gardiens rangés à tes genoux,
Éblouis des éclairs que lancent ses prunelles,
Se prosterner de crainte et replier leurs ailes
Pour laisser passer son courroux ?

Ne sens-tu pas, dis-moi, dans leur lit de chaux vive.
Tes morts, que presse en vain une tombe massive,
Tressaillir, se heurter, se lever à leur tour,
Et jetant, les premiers, le signal des alarmes,
Leur linceul pour drapeau, nous appeler aux armes,
Au son d’un funèbre tambour ?

Ah ! si jamais tes morts offraient un tel spectacle,
Dis-leur, sans t’émouvoir, toi qui fus leur oracle,
Qu’ils peuvent sur ta foi se rendormir en paix,
Que nous, peuple vivant, nous qu un affront soulève,
Nous saurons, s’il le faut, défendre par le glaive
Leurs conquêtes et leurs hauts faits.