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Alors l’essaim vif et splendide
Te laissa seul avec ton cœur,
Et se dispersa dans le vide
Au souffle irrité du malheur.

Tu t’assis, accablé, sur l’angle d’une dalle,
Et ta main, achevant l’œuvre de ton esprit,
Rejeta vers le ciel, sous le choc d’une balle,
Ton âme que Dieu seul comprit.
Tu tombas. Nul ami n’accourut. Un seul homme
Se leva dans la foule, et vint, le cœur en deuil,
Vers le soir, à défaut d’un ministre de Rome,
T’absoudre et bénir ton cercueil.

Ah ! que du moins ta noble cendre,
Qui n’était pas en droit d’attendre
Un hommage plus éclatant,
Échappe aux outrages profanes
Qui troublent le repos des mânes
Du chrétien mort impénitent !

Et quel est l’homme en pleurs dont la voix attendrie
Vint alors murmurer, au nom de la patrie,
Sur ta tombe entrouverte, ô poëte martyr,
Quelques mots fugitifs d’un éloge éphémère
Qui de ta vie obscure éclairant le mystère,
Te promettait un illustre avenir ?