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Fidèle alors aux vœux d’un fils qui te révère,
L’Art t’aurait épargné, dans ta paisible sphère,
De nos tristes débats le spectacle agité,
Et tu ne verrais pas tant d’actions honteuses
Passer, le front levé, sur les tombes pieuses
Où dort ton lion insulté.

Non, tu ne verrais pas, dans leur soif de pillage,
Tant de vils trafiquants d’un splendide héritage,
Tant de vils imposteurs, tous payés pour mentir,
S’abattre sur l’État avec des cris de joie,
Se partager son or et dévorer leur proie,
Mais sans jamais s’en assouvir.

Non, tu ne verrais pas siéger dans nos Comices
Tant de pâles tribuns tout gangrenés de vices,
Qui, d’un mandat sacré trahissant les devoirs,
Étalent au grand jour leur chaste indépendance,
Et forniquent dans l’ombre, au prix fixé d avance,
N’importe ! avec tous les pouvoirs.

Non, tu ne verrais pas l’honneur de notre armée,
Belle, ardente, mais jeune, à peine encor formée,
Reposer sur des chefs, fils d’un noble drapeau,
Mais dont l’âge a brisé la force inoccupée,
Et qui n’ont plus, hélas ! gardé de leur épée
Que la dragonne et le fourreau.