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Il fallait t’élever dans les champs du tonnerre
Au-dessus des sommets et des monts de la terre,
Franchir du firmament les limites de feu,
Pour voir s’épanouir et saintement éclore,
Dans les vastes splendeurs d’une éternelle aurore,
La puissance, l’amour, et la grandeur de Dieu !

Mais, hélas, ce n’est pas ta faute,
Si, de ton ciel vide et glacé,
Retombé, la tête encor haute,
Mais l’œil morne et le cœur blessé,
Ton aile s’est heurtée aux voûtes
Où se brisèrent trop souvent,
Les fronts chargés de sombres doutes
Et du poète et du savant !

Dans le dédale obscur d’un siècle sans croyance,
Où tu cherchas, en vain, un fil pour te guider,
Le monde abandonna ton inexpérience,
A l’heure où ton destin allait se décider,
Et quand, près de l’issue, un ténébreux reptile
Te ferma le passage et s’élança sur toi,
Le monde répondit à ta plainte inutile :
Dieu pour tous, chacun pour soi !

Des rêves d’or de ton enfance
Qui voltigeaient sous tes regards,
Nés d’un baiser de l’espérance
Et d’un sourire des beaux arts,