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Marche ! Et que l’Étranger qui tenterait encore
De méconnaître, ô Belge, un passé qui t’honore,
De blasphémer ton culte et d’outrager ta loi,
Ne puisse faire un pas sur le sol du royaume
Sans voir, à l’instant même, un illustre fantôme,
Un peintre, un grand tribun, un saint évêque, un roi,
Tout notre Panthéon, et toute notre Histoire,
Se dresser devant lui resplendissants de gloire,
Pour crier au barbare : à genoux devant moi !

Sous l’arche d’un tunnel sonore
Il s’est englouti, le géant,
Emportant d’un pas de Centaure
Un peuple muet et béant,
Noir convoi de spectres funèbres
Qu’aux feux croisés de ses éclairs
Il semble, au milieu des ténèbres,
Mener en hurlant aux enfers.

Ô terreur ! si la sombre voûte
S’écroulait !… si jamais un choc
Le rejetait hors de sa route
Brisé, broyé contre le roc,
Quel deuil affreux !… Mais l’homme veille,
Mais Dieu pour nous est toujours là.
Écoutez ce bruit qui s’éveille,
Grandit, éclate… Le voilà !