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Soyons donc fiers de notre ouvrage,
Frères ! et ne nous plaignons pas ;
Laissons à d’autres l’héritage
Du glaive sanglant des combats ;
Ce n’est plus dans le sang qu’on fonde
Un monument plein de grandeur ;
Pour changer la face du monde
Nous avons, nous, le Remorqueur !

Regardez ! le voilà ! Quelle noble stature !
Que de génie empreint sur sa puissante armure !
Vingt siècles de progrès vivent sous ce métal ;
Éléphant par la force, et cheval par la grâce,
Tigre par la vitesse, et lion par l’audace,
Il ne reconnaît, lui, ni maître, ni rival.

Ni maître ! — Il en est un ! — L’homme, voilà son maître !
L’homme qui le conçut et qui lui donna l’être,
L’homme qui fait d’un geste obéir le Titan,
Et qui va, tout à l’heure, à ce colosse inerte,
À ce spectre debout dans l’arène déserte,
Imprimer par la flamme un formidable élan.

Autour de l’enceinte gardée,
Devançant l’heure du départ,
Déjà la foule débordée
Monte, se répand au hasard,