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Aux peuples de l’Europe assis sur nos frontières,
Qui nous jetaient souvent un regard de dédain,
Nous avons, les premiers, enseigné tes mystères,
Et tous se sont levés pour nous tendre la main,
Et tous sont accourus pour marcher sur nos traces,
Pour tresser, avec nous, la ceinture de fer
Qui, du nord au midi, doit relier les races
Et par l’esprit et par la chair.

Mais tandis que sans cesse un infernal Génie
Qu’ils ont pris de nos jours pour un divin Mentor,
Déchaîne sur leurs pas, si chancelants encor,
La Guerre ou l’Anarchie,
Le Belge, à côté d’eux, poursuivant son essor,
Ajoute, tous les ans, sous les yeux de l’Histoire,
Une page d’airain au livre de sa gloire,
À sa couronne un fleuron d’or.

Des plaines de la Flandre aux vallons de la Meuse,
Traversés par le rail dans son lit sablonneux,
Point de modeste ville ou de cité fameuse
Qui n’ait vu, grâce à toi, s’accomplir tous ses vœux,
Et n’ait enfin reçu du moderne Messie
Qui vint sur le travail fonder la liberté,
Le baptême de feu qui ranima sa vie
Et doubla sa fécondité.