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Défiant les arrêts de l’inflexible Histoire,
Si vous voulez pourtant, sous vos coups de canon,
Nous faire remonter les marches du prétoire
Où le Belge s’est vu dépouiller de son nom,
Avant de vous poser les suprêmes arbitres
Du sort de ma patrie et de sa liberté,
Les pieds sur vos drapeaux, reniez tous vos titres
Au respect de l’Europe et de l’humanité ;

Osez justifier le meurtre politique
Qui vient de replonger la Pologne au tombeau ;
Sanctionnez les droits de l’Aigle germanique
Sur l’Italie en deuil, veuve de son drapeau ;
Mais quand, chargés du poids de ce double parjure,
Vos bataillons armés s’élanceront sur nous,
Puisse de Waterloo la vaste sépulture
S’ouvrir pour les engloutir tous !

Nos pères ont longtemps vécu sous votre empire,
Et nous n’ignorons pas les maux qu ils ont soufferts ;
Pour eux, tous les dédains d’un vainqueur en délire,
Qui foulait sous ses pieds la rançon de leurs fers ;
Pour vous, tous les trésors recueillis sur sa trace
Parmi les ossements des peuples massacrés.
Et nous consentirions à reprendre leur place,
Sous l’astre saturnien qui les a dévorés !