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Aux torches qui brûlaient près d’un triple cercueil,
Contre un roi meurtrier évoqua la vengeance
Et déclara la guerre à son aveugle orgueil ;

C’est que, parmi la foule, il est de ces visages
Que la poudre a bronzés sur de lointains rivages,
Et dont l’air martial commande les hommages
Du sabre et du mousquet ;

C’est que tous ont longtemps partagé la patrie,
Le pain et le foyer, la couche et la vigie,
Avec le Peuple-Roi qui rendit à la vie
Un monde qui mourait.

Mais moi qui n ai jamais vu livrer des batailles,
Sur l’Europe à genoux bondir Napoléon,
Célébrer au bivouac les grandes funérailles
D’un despotisme mort sous le feu du canon,

Je ne partage pas l’ivresse
De la foule et du vieux soldat,
Et le rêve que je caresse
Ne vient pas d’un champ de combat.

Pour moi, le vieux drapeau des hautes pyramides,
Tout noble qu’il paraisse à l’œil du guerrier franc,
Tout sillonné qu’il soit de glorieuses rides,
N’exhale qu’une odeur de sang ;