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Puis, il me fait toucher ces couleurs enviées
Qui teignent le ruban suspendu sur son sein,
Au dessus d’un grand aigle aux ailes repliées,
Tatoué de sa main ;

Puis, il va me chercher son drapeau tricolore
Dont quatorze ans d’oubli n’ont pas terni l’éclat,
Le secoue, et lui fait jeter un cri sonore
Qui réjouit le cœur du pauvre et vieux soldat.

Et souvent près de lui la foule
En groupes noirs circule et roule,
Sur son drapeau l’œil arrêté,
Et croit, au souffle de la brise
Qui fiait ondoyer sa devise,
Respirer gloire et liberté !

C’est que son cœur retrouve et que son œil reflète
Le souvenir lointain de quelqu’ardente fête
Où, sous sa tente d’or, présidait la Conquête,
L’Étoile du brave à la main ;

C’est que sa prompte oreille a surpris dans les nues
Un vague et doux accord de ces hymnes connues
Qui répondaient si bien aux salves continues
Du canon souverain ;

C’est qu’elle croit encore assister en silence
À la pompe funèbre où tout un peuple en deuil,
Rallumant son courroux éteint sous sa clémence