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de lui le flambeau tutélaire
Qu’alluma dans nos mains la Révolution,
Et lui fera fermer l’oreille avec colère
Aux sourds rugissements du moderne Lion.

Devant la barre de ces hommes,
Frères ! ne comparaissons pas ;
Ils ignorent ce que nous sommes,
Ils n’ont jamais vu nos grabats ;
Toujours préoccupés d’eux-mêmes,
Prompts à réprimer nos efforts,
Ils nous frappent de leurs blasphèmes,
Et puis s’en vont, nous croyant morts.

Allez ! vos morts sont pleins de vie,
Et, quoique refoulés par vous
Au fond d’une atmosphère impie
Qui nous ronge et déforme tous,
Sous nos tissus de chair immonde
Brûle et circule assez de feu
Pour rajeunir votre vieux monde,
Qui tombe en lambeaux sous son Dieu.

Mais des Grands rassemblés ont entendu ma plainte :
Que veut donc, dit l’un deux, que veut cet insensé ?
Prétendrait-il franchir, lui, le seuil d’une enceinte
Que même ses regards n’ont jamais dépassé ?
Il se trompe s’il croit se grandir par la crainte ;
Qu’il se taise ou qu’il soit chassé.