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Là ne me suivent pas ces gigantesques vices
Qui du fond de leur lit soulèvent les États ;
Ni le pouvoir des Grands, qui, forts de lois complices,
Moissonnent les champs mûrs et ne les sèment pas ;
Ni les mornes douleurs du pâle prolétaire
Qui meurt de faim, de froid, par droit d’hérédité ;
Ni ce Code Pénal qui gouverne la terre
Avec le vieux tronçon d’un glaive ensanglanté.

Pourquoi le cri plaintif qui part des bergeries,
Les appels familiers du chien de basse cour,
La mugissante voix du taureau des prairies,
Pourquoi, tocsins vivants, viennent-ils, tour à tour,
Me rappeler du sein de mon céleste rêve,
A ces travaux de serf qui mutilent mon corps,
Lentement, goutte à goutte, en épuisent la sève
Et de mon âme en deuil flétrissent les trésors !

Oh ! loin de moi, pourtant, loin de moi la pensée
De chercher mon bonheur au guêpier du frelon !
Qui donc peut aspirer à la vie insensée
Du mendiant ou du larron ?
J’admire l’homme-Dieu qui sait par son génie
Sur l’autel de la Paix multiplier le pain,
Et je veux, à mon tour, que l’aube de ma vie
S’allume à son flambeau divin.